vendredi 28 décembre 2007

Post Scriptum pour les contes de fées

"Il était une fois un Prince et une Princesse, ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants..." Combien de fois me suis-je ou nous sommes - nous endormis avec ces doux mots en guise de Bonne nuit? Les garçons seraient donc tous des princes ? et les filles toutes des princesses? Chacun avec sa chacune. Malheureusement à notre époque, il n’y a plus que Paris Hilton pour affirmer cela. Le conte se révèle être une machination redoutable que nos chères petites têtes blondes absorbions au moment où nous étions les plus vulnérables : au lit, en pyjama, épuisées par une rude journée passée à courir, à faire des pâtés dans un bac à sable où chats et chiens du voisinage, qui une fois la nuit tombée, venaient y déféquer.

Là où les contes sont les plus redoutables, c’est au niveau des archétypes dont ils nous abreuvent, qu’ils soient féminins ou masculins.

Cendrillon
, la Belle au Bois Dormant ne sont que des représentations de l’idéal féminin que chaque homme porte en lui. Le cheveu blond, long et soyeux, sensible, émotive, intuitive, positive. Elle apprend à l'homme à mûrir, elle le soutient dans ses épreuves, assure sa complémentarité. La belle n’a qu’une seule idée en tête : trouver le prince charmant, qu’elle soit déshéritée, endormie ou orpheline.
Le Prince Charmant lui, on ne lui connaît pas de nom, est plutôt brun, grand, imberbe, rationnel, intellectuel, vaillant, bien né, créatif, indépendant, autonome. Il rend la femme créatrice, aimante, inspiratrice, conquérante, il développe en elle le courage et la spiritualité.
Le bellâtre n’a qu’une seule obsession : trouver sa charmante princesse qui lui assurera une descendance. Bien entendu, un seul essai pour chacun et pour toute une vie.
Et puis nous grandissons, des princesses ont beaucoup d’enfants avec d’autres princesses, des princes vivent heureux avec d’autres princes. Des princesses deviennent reines de leur château sans voir passer aucun cheval blanc, d’autres ont de nombreux enfants sans prince ou avec plusieurs. Les bien nés restent bien nés, l’ascension sociale de Cendrillon se révèle être une utopie. La blondeur de la Belle au Bois Dormant n’est plus associée à la femme bien aimante mais plutôt à des « bimbos » fantasmées.

"Mais la première vocation des contes est de renforcer la cohésion sociale : le héros, au début, se trouve toujours défavorisé, en position marginale, malgré lui. Mais il finit le plus souvent, grâce à ses vertus, ses efforts, grâce à des moyens extérieurs pouvant relever du merveilleux, par réintégrer la société et rentrer dans ses droits. Le conte fait rêver, sans trop d’illusions, à des lendemains d’où le mal serait banni. Il expose les contradictions et les conflits auxquels tout le monde est confronté ; il peut critiquer les injustices, les abus d’autorité, mais, en général, il ne remet pas fondamentalement en cause les normes sociales en vigueur. Il reflète la société telle qu’elle est avec ses drames, ses injustices, telle qu’elle se souhaite avec des héros idéalisés et le triomphe de la vertu."

C’est ainsi que tout au long de notre vie nous évitons et sachons nous protéger de feu le
Loup du Petit Chaperon Rouge et de la sorcière de «Blanche-Neige».
Mais les méchants changent de visages, obsolète est la sorcière qui offre des pommes empoisonnées, actuels sont les rois qui offrent des sucreries aux enfants à la sortie des écoles.
Les contes ont pour eux que les vices perdurent, mais ils changent, ce à quoi une petite précision à la fin de chacun d’eux serait nécessaire sous forme de Post-Scriptum. Chaque conteur aurait la liberté de moderniser, d’actualiser ces textes intergénérationnels qui font partis de l’inconscient collectif, expliquant que pour de vrai des individus crèvent de faim, que dans le monde règne l’injustice.

4 commentaires:

Korril a dit…

Tssss
Moi qui ai toujours rêvé de chevaucher cheveux aux vents...

On m'aurait mentit ?

JR a dit…

Superbe.

Moi qui ai troujours rêvé de pouvoir écrire plus de 5 lignes dans un billet, tu me prouves que les contes de fée(s?) existent. Merci.

Sinon, elle est de qui la citation? Tu la connaissais par coeur, Bonnie?

['Peux pas m'empêcher de glisser des jeux de mots pourris, c'est dramatique]

The Sweet Fairy a dit…

"Seuls les commentaires élogieux ou débouchant sur une relation sexuelle sont tolérés."
J'ai toujours été éberluée par toutes ces âneries que mes parents me lisaient chaque soir...j'arrivais pas à y croire! C'est comme cette vermine qui est censée t'apporter une pièce de 5 francs quand tu perds une dent? alors tu la laisses pourrir sous ton oreiller et un truc sorti des égouts et censé te permettre de gagner la monnaie pour aller carier tes autres dents de lait..Je sais j'y arrivais pas, c'est absurde?!!!Juste un sale rongeur qui vient salir les draps purs d'un enfant.
Bref, si ce commentaire doit déboucher sur un rapport sexuel j'en conclus qu'entre gentlemen ça n'arrête pas...C'est simplement un jeu de passe..La passe c'est combien?Pour les jeux de mots , tu n'as pas à t'excuser c'est ta marque de fabrique, faut assumer maintenant!

Anonyme a dit…

On m'aurait menti ?
Moi qui croyait que le crapaud avait une chance. Cette pauvre bête si moche dont tout le monde ce moque qui se transforme en prince charmant dès qu'on lui crache à la gueule (réaction allergique ou évolution induite par la polution?).
Car selon le théorème de Tafhès, si la bave du crapeau n'atteint pas la blanche colombe, la réciproque est plutôt tendue.
Pour en revenir à la terrible désillusion (la deuxième en une semaine, je viens d'apprendre que le père Noël n'est qu'une illusion chargée à assagir les momes, si c'est vrai...) que les contes fés existent juste pour laisser les gens à leur place (aider les pauvres et les riches à supporter leurs sorts respectifs...).
Je pense que les américains ont un conte de fée pour entretenir l'espoir que l'on peut se transander les classes sociales : la légende du self made man...
Sur ces mots, je vous délaisse et que je n'apprenne pas par vous que voter ne sert à rien ou alors les 3 fondements de ma viue s'écrouleraient (père nonos, comptes de fée et droit de vote...)